Jeune conducteur et alcool au volant : que risquez-vous ?
Publié le 2025-10-24 13:00:00
Taux d'alcoolémie légal en période probatoire
Les jeunes conducteurs font face à une réglementation stricte concernant l'alcool au volant. La tolérance zéro s'applique pendant toute la durée du permis probatoire, qui s'étend sur trois ans après l'obtention du permis (ou deux ans en cas de conduite accompagnée).
Le taux légal autorisé pour les conducteurs novices est fixé à 0,2 gramme par litre de sang, soit 0,1 milligramme par litre d'air expiré. Cette limite correspond en réalité à une absence totale de consommation d'alcool. Pourquoi pas zéro absolu ? La loi prend en compte la marge d'erreur des appareils de mesure et certains aliments pouvant contenir des traces d'alcool.
Cette mesure concerne tous les titulaires d'un permis probatoire, peu importe leur âge. Un conducteur de 40 ans qui vient d'obtenir son permis se voit appliquer les mêmes restrictions qu'un jeune de 18 ans. La règle s'applique également aux conducteurs ayant récupéré leur permis après une annulation ou une invalidation pour solde de points nul.
Qui est concerné par cette limitation ?
Les conducteurs soumis au taux de 0,2 g/l incluent les titulaires d'un premier permis de conduire, les conducteurs en période probatoire classique ou aménagée, et ceux ayant obtenu un nouveau permis suite à une annulation judiciaire ou administrative. Les conducteurs de véhicules de transport en commun respectent également ce taux maximal, même hors période probatoire.

Retrait de points et permis probatoire
Le permis probatoire dispose d'un capital de points réduit qui rend les infractions liées à l'alcool particulièrement dangereuses. Un conducteur novice démarre avec seulement 6 points sur son permis, contre 12 pour un conducteur confirmé. Cette différence transforme une simple infraction alcool en menace directe pour la validité du permis.
La progression du capital de points suit un rythme précis : 2 points supplémentaires chaque année sans infraction, permettant d'atteindre 12 points après trois ans (ou deux ans en conduite accompagnée). Mais cette progression s'interrompt dès la première infraction avec retrait de points.
Immobilisation et confiscation du véhicule
L'immobilisation et la confiscation sont des mesures coercitives immédiates appliquées aux jeunes conducteurs en infraction alcool. L'immobilisation du véhicule intervient sur place lors du contrôle, sauf si un passager en état de conduire peut prendre le volant. Cette mesure vise à empêcher la poursuite du trajet dans des conditions dangereuses.
La confiscation est judiciaire et vise surtout le délit (≥0,8 g/l) ; la contravention (0,2–<0,8 g/l) prévoit suspension (jusqu’à 3 ans) et interdiction de conduire sans EAD.
Les forces de l'ordre peuvent procéder à l'immobilisation dès qu'un conducteur novice dépasse le seuil légal de 0,2 g/l de sang. Cette mesure s'applique immédiatement, sans attendre une décision judiciaire ultérieure.
Procédure d'immobilisation
Le véhicule peut être immobilisé et mis en fourrière sur autorisation du préfet ou du procureur de la République. Le conducteur doit alors assumer les frais de fourrière et de garde, qui peuvent rapidement atteindre plusieurs centaines d'euros.
L'immobilisation s'accompagne généralement d'une rétention du permis sur place. Les forces de l'ordre conservent le document pendant 72 heures maximum, période durant laquelle le préfet décide des suites administratives. Le conducteur reçoit un avis de rétention qui fait office de permis temporaire pour les démarches administratives uniquement.
Conditions de la confiscation
La confiscation du véhicule intervient comme sanction judiciaire après passage devant le tribunal. Un taux supérieur ou égal à 0,8 g par litre de sang est considéré comme un délit et expose un jeune conducteur à la confiscation de son véhicule. Cette mesure définitive transfère la propriété du véhicule à l'État.
En cas de récidive d'alcool au volant, le véhicule est alors confisqué. Cependant, il est possible par une décision motivée de suspendre cette confiscation lorsque le véhicule est utilisé par plusieurs membres d'une famille. Le juge examine chaque situation individuellement avant de prononcer cette sanction lourde de conséquences.
Récupération du véhicule immobilisé
Pour récupérer un véhicule immobilisé, plusieurs conditions doivent être remplies. Le conducteur doit d'abord régler les frais de fourrière, présenter une autorisation de sortie délivrée par les autorités et justifier d'un conducteur sobre pour reprendre le véhicule. Sans ces éléments, le véhicule reste en fourrière avec des frais qui s'accumulent quotidiennement.
Les délais de récupération varient selon la gravité de l'infraction. Pour une alcoolémie contraventionnelle (entre 0,2 et 0,8 g/l), le véhicule peut être récupéré après 24 à 48 heures. En cas de délit (au-delà de 0,8 g/l), l'immobilisation peut durer jusqu'à la décision du tribunal, soit plusieurs semaines ou mois.
Amendes forfaitaires
Les amendes forfaitaires sanctionnent financièrement les jeunes conducteurs en infraction alcool. Pour un taux entre 0,2 et 0,8 g/l de sang, l'amende forfaitaire s'élève à 135 euros, minorable à 90 euros en cas de paiement rapide ou majorable à 375 euros en cas de retard. L'amende peut toutefois aller jusqu'à 750 euros selon les circonstances.
Délais et modalités de paiement
Le paiement doit intervenir dans les 45 jours suivant l'avis de contravention (60 jours pour le télépaiement). Les modes de règlement incluent le timbre-amende, la carte bancaire, le chèque ou le virement via amendes.gouv.fr. Attention : payer l'amende vaut reconnaissance de l'infraction et déclenche automatiquement le retrait des 6 points.
La contestation reste possible dans les 45 jours par courrier recommandé à l'officier du ministère public. Les motifs recevables restent limités : dysfonctionnement de l'éthylomètre, absence de second contrôle ou vice de procédure manifeste.
Sanctions financières pour délit
Au-delà de 0,8 g/l, l'infraction devient délictuelle. Une amende pouvant aller jusqu'à 4 500 euros remplace l'amende forfaitaire. Vous êtes sanctionné par une amende pouvant aller jusqu'à 9 000 euros et par une peine de 3 ans de prison maximum dans les cas les plus graves. Le tribunal fixe le montant selon le taux exact, les circonstances et les revenus du contrevenant.
Coûts additionnels
L'amende ne représente qu'une partie des frais. Les jeunes conducteurs ayant commis une infraction passible du retrait de 3 points ou plus sont dans l'obligation d'effectuer un stage obligatoire en période probatoire, facturé entre 150 et 280 euros. S'ajoutent les frais de fourrière (15-30 euros/jour), d'expertise (61 euros) et d'enlèvement (121 euros).
Le non-paiement entraîne des poursuites avec saisies possibles sur salaire ou compte bancaire. Les jeunes conducteurs en difficulté peuvent demander un échelonnement ou des travaux d'intérêt général en substitution. L'impact financier total dépasse souvent 600 euros pour une simple contravention, sans compter l'augmentation de l'assurance qui peut doubler voire tripler les cotisations annuelles.
Annulation et suspension du permis probatoire
Ces mesures privent temporairement ou définitivement du droit de conduire, avec des conséquences professionnelles et personnelles majeures. La distinction entre suspension administrative, suspension judiciaire et annulation détermine les modalités de récupération du permis.
Suspension du permis probatoire pour alcoolémie
La suspension intervient en deux temps distincts. Le préfet doit obligatoirement engager une procédure de suspension administrative dans les 120 heures suivant la rétention. La durée maximale de suspension est de 6 mois, ou 1 an en cas d'accident ayant entraîné des blessures ou la mort. Cette suspension administrative s'applique immédiatement, avant même le passage au tribunal.
Le préfet a la possibilité de prononcer la suspension du permis, pour une durée de 3 années en cas d'alcoolémie contraventionnelle. La suspension peut être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle, permettant au conducteur de conserver son emploi nécessitant la conduite.
La suspension judiciaire complète ou remplace la suspension administrative après le passage au tribunal. Une suspension du permis de conduire pouvant aller jusqu'à 3 ans peut être prononcée pour une alcoolémie entre 0,5 et 0,8 g/l. Cette durée s'allonge en cas de délit ou de circonstances aggravantes.
Alternative à la suspension : l'éthylotest antidémarrage
Depuis 2019, le préfet peut proposer, en alternative à la suspension, la pose obligatoire d'un éthylotest anti-démarrage (EAD) pour les taux inférieurs à 1,8 g/L. Cette mesure permet de continuer à conduire sous conditions strictes. Le dispositif coûte environ 100 euros par mois en location, plus les frais d'installation.
Interdiction, pendant une durée de 3 ans maximum, de conduire un véhicule qui ne soit pas équipé avec un éthylotest antidémarrage. Le conducteur doit souffler dans l'appareil avant chaque démarrage et régulièrement pendant le trajet. Toute tentative de fraude entraîne le blocage du véhicule et l'annulation de la mesure alternative.
Annulation du permis probatoire pour alcoolémie
L'annulation constitue la sanction la plus sévère. L'annulation de son permis de conduire avec une interdiction de le repasser pendant 3 ans maximum peut être prononcée en cas de délit d'alcoolémie. Cette mesure efface purement et simplement le permis, obligeant à repasser l'intégralité des épreuves.
La récidive du délit de conduite en état d'ivresse, dans un délai de 5 ans, entraîne l'annulation automatique du permis de conduire. L'interdiction de délivrer un nouveau permis ne pourra excéder un délai supérieur à 5 ans. Cette annulation de plein droit s'applique sans possibilité d'aménagement.
Procédure d'annulation
L'annulation intervient uniquement par décision judiciaire après comparution devant le tribunal correctionnel. Le juge examine les circonstances de l'infraction, les antécédents et la situation personnelle du conducteur avant de prononcer la sanction. La décision prend effet immédiatement, sauf appel suspensif.
En cas de récidive, le délit de conduite en état d'ivresse manifeste ou avec un taux d'alcool de 0,8 g/l de sang ou plus, est sanctionné par l'annulation du permis de conduire. Le conducteur dispose de 10 jours pour restituer son titre en préfecture sous peine de poursuites supplémentaires.
Conséquences de l'annulation
L'annulation oblige à tout recommencer après le délai d'interdiction. Le conducteur va devoir passer un examen médical et psychotechnique avant même de pouvoir s'inscrire en auto-école. Ces examens coûtent environ 250 euros et vérifient l'aptitude à la conduite.
Le nouveau permis obtenu après annulation reste probatoire pendant 3 ans sans possibilité de réduction. Le conducteur repart avec 6 points et reste soumis au taux d'alcoolémie de 0,2 g/l. Les auto-écoles appliquent souvent des tarifs majorés pour ces candidats considérés à risque, augmentant le coût total de récupération du permis qui peut dépasser 2000 euros.
Le non-respect de l'installation d'un alcootest antidémarrage est passible des sanctions suivantes : amende de quatrième classe et possible nouvelle suspension. Les conducteurs sous contrainte EAD font l'objet de contrôles réguliers pour vérifier le respect du dispositif.
Les tests psychotechniques pour jeunes permis
Les tests psychotechniques constituent une étape obligatoire pour récupérer le permis après les suspension de 6 mois et plus, une invalidation ou annulation liée à l'alcool. Le conducteur va devoir passer un examen médical et psychotechnique avant même de pouvoir s'inscrire en auto-école.
Quand sont-ils obligatoires ?
Depuis le 1er septembre 2012, en cas de suspension de permis de conduire de 6 mois ou plus, les conducteurs soumis à une suspension de permis devront passer, en plus de la visite médicale, un test psychotechnique. Pour les jeunes conducteurs invalidés après une infraction alcool, ces tests sont systématiquement exigés.
Après la réception de la lettre 48SI, la préfecture impose au conducteur de passer un test psychotechnique auprès d'un centre d'examen psychotechnique et d'un/une psychologue agréé. Le test doit être effectué dans les 3 mois précédant la fin de la période d'interdiction de conduire.
Déroulement et contenu
Les tests psychotechniques du permis débutent par un entretien individuel avec un psychologue. Seront évoqués ses éventuels antécédents médicaux (alcool au volant, consommation de drogues, de médicaments), les causes de l'annulation ou de la suspension. Cette évaluation psychologique dure environ 30 minutes.
Les exercices pratiques testent les réflexes et capacités cognitives : temps de réaction, coordination, attention, mémoire visuelle. Le test psychotechnique du permis compte deux parties : des exercices psychotechniques assistés par ordinateur relatifs à la sécurité routière et un entretien psychotechnique avec un psychologue habilité. La durée totale varie entre 45 minutes et 2 heures.
Coût et validité
Le coût des tests psychotechniques s'élève à environ 100 euros, entièrement à la charge du candidat. En cas de réussite aux tests psychotechniques du permis, l'autorisation pour le repasser est valable 2 ans. En cas d'échec, le candidat peut repasser les tests sans délai d'attente mais doit payer à nouveau.
Les résultats sont transmis directement au médecin agréé qui effectuera la visite médicale. Un avis favorable aux tests psychotechniques reste indispensable pour obtenir l'autorisation de repasser le permis après une invalidation pour alcoolémie en période probatoire.
La visite médicale
Toute personne ayant une annulation, invalidation ou suspension de permis est dans l'obligation de passer une visite médicale pour récupérer son titre de conduite. Pour les jeunes conducteurs sanctionnés pour alcoolémie, cette visite médicale est systématiquement obligatoire.
Médecin compétent
Si la suspension a été prononcée suite à une infraction en lien avec la conduite sous l'emprise de l'alcool ou de stupéfiants, les médecins de ville ne seront plus compétents, seuls les médecins de la commission médicale primaire seront aptes. La visite s'effectue donc en préfecture ou sous-préfecture, sur rendez-vous.
Documents à fournir
Si votre retrait de permis est lié à l'alcool, vous devez fournir un bilan biologique avec NF, Transaminases, Gamma GT, et CDT. Ces analyses sanguines, datant de moins de 15 jours, permettent de vérifier l'absence de consommation chronique d'alcool. Le coût des analyses (environ 50 euros) reste à la charge du conducteur.
Les résultats des tests psychotechniques doivent également être présentés lors de la visite. Le médecin examine l'ensemble du dossier médical et peut demander des examens complémentaires si nécessaire..
Conséquences sur l’assurance
L'assureur peut résilier unilatéralement le contrat après une infraction alcool. Cela produit des exclusions de garantie comme le dédommagement pour des préjudices corporels ou matériels subis qui peuvent être décidées par l'assureur. La résiliation prend effet un mois après notification par lettre recommandée.
La couverture d'assurance automobile peut être annulée, entraînant des conséquences financières importantes pour le conducteur en cas d'accident. Le conducteur résilié doit déclarer cette résiliation pendant 2 ans à tout nouvel assureur, compliquant la recherche d'une nouvelle couverture.
Majoration des tarifs
Sans résiliation, l'assureur applique généralement une surprime de 50 à 200% sur la cotisation annuelle. Un jeune conducteur payant 1200 euros par an peut voir sa prime grimper à 2400 voire 3600 euros. Cette majoration s'applique pendant 3 à 5 ans selon les compagnies.
Les conducteurs résiliés doivent se tourner vers des assureurs spécialisés ou le Bureau Central de Tarification (BCT). Les tarifs proposés restent prohibitifs : comptez 3000 à 5000 euros annuels pour une couverture minimale au tiers.
Non-prise en charge des sinistres
En cas d'accident sous alcool, l'assureur indemnise les victimes mais se retourne contre le conducteur fautif. Cette action récursoire permet à l'assureur de récupérer les sommes versées, pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros en cas de dommages corporels.
Si c'est le cas, cela peut vous protéger contre les réclamations des tiers pour les dommages causés par votre conduite en état d'ivresse. Cependant, cela ne couvrira pas les dommages causés à votre propre véhicule. Les dégâts sur le véhicule du conducteur alcoolisé ne sont jamais indemnisés, même en tous risques.